Le bâtiment et les travaux publics appellent à l’aide
Frédéric Marais 27 septembre 2012 ACTU ÉCO
Quand le BTP s’enrhume, c’est toute l’économie qui tousse. Les professionnels tirent la sonnette d’alarme en Champagne-Ardenne. Prix cassés, carnets de commande en berne, frilosité des maîtres d’ouvrage publics, menaces sur l’emploi : la filière est dans le dur, et même dans le mur selon ses représentants syndicaux.
C’est la soupe à la grimace du côté des professionnels du bâtiment et des travaux publics, qui donnaient une conférence de presse le 21 septembre 2012. Tous les indicateurs montrent que le secteur glisse sur une pente savonneuse. « Les chiffres sont catastrophiques », résume Hervé Noël, le président de la Fédération régionale des travaux publics. Chiffres d’affaires en baisse, délais de paiement qui s’allongent, report des projets d’investissement, disparitions d’entreprises en hausse, création d’entreprises en recul (-7 % hors auto-entrepreneurs dans le bâtiment)… les clignotants ont viré à l’orange.
- Les prix à la baisse. C’est un effet de la chute des commandes, d’une course au volume, d’une concurrence accrue et du dumping social provoqué pour partie par des entreprises extérieures à la région et par l’arrivée des auto-entrepreneurs. « Quand les prix baissent, la qualité baisse aussi et le risque de sinistralité augmente », prévient Thierry Dauchelle, le président de la Fédération régionale du bâtiment.
- Les carnets de commandes diminuent. « On est descendu à 3 mois/3 mois et demi, au lieu de 5 mois/5 mois et demi habituellement », signale Hervé Noël.
- Les maîtres d’ouvrage sont attentistes. Dans les TP, « on dépend à 60 ou 70 % de la commande publique et notre cœur d’activité se situe dans le monde rural, observe Hervé Noël. Or le nombre d’opérations engagées par les collectivités locales a baissé d’environ 40 %. » La source du crédit s’est quelque peu tarie, les mairies, les conseils généraux reportent certains investissements pour limiter leurs emprunts.
- L’intérim trinque. Pour le moment, le BTP répugne à tailler dans ses effectifs. « Par humanisme », affirme Thierry Dauchelle. Mais aussi par intérêt : les entreprises savent combien il est difficile de trouver du personnel qualifié et donc de réembaucher après s’être séparées de leurs compagnons. « Licencier, ce sera le dernier acte que l’on fera », assure Hervé Noël. Recourir au chômage technique ? Pourquoi pas, mais à condition d’être sûr que l’activité reprendra. Alors l’intérim fait office de variable d’ajustement. Sachant que sur 100 intérimaires tous secteurs confondus, 16 sont dans le BTP. Néanmoins, Thierry Dauchelle brandit la menace de « licenciements massifs » : on prédit en effet 35 000 suppressions de postes dans toute la France dans le secteur du bâtiment.
Pour mémoire, 150 millions d’euros de travaux dans le bâtiment, ce sont 2 500 emplois en équivalents temps plein annuels et 1 500 emplois indirects.
Des raisons d’espérer, malgré tout ? « Beaucoup de communes ont des projets et une trésorerie saine », remarque Hervé Noël. Pour son alter ego du bâtiment, Thierry Dauchelle, le salut peut venir du gigantesque marché de la rénovation énergétique. « D’ici à 2020, l’énergie coûtera 50 % plus cher. Ça concerne tous les métiers du bâtiment. »
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Notre photo : Hervé Noël et Thierry Dauchelle aux côtés de François Cravoisier, président de la CCI de région